NI RIMES NI RAISONS
Georges tu m’as bien coupé l’herbe dessous les pieds,
Tes poèmes en chansons avec de si beau pieds,
Tes histoires racontées qui font prendre son pied,
Donneront l’impression que je rime à cloche-pied,
Ne laissant d’autres espoirs que ton style à épier,
Tenter de l’imiter pour servir de trépied,
Ta faconde poétique impossible à copier,
D’un auteur qui voudrait s’en servir de cale-pieds,
Ne pourrait à jamais que servir de chausse-pieds,
En réduisant son art à celui d’un drapier.
Mes chansons après toi n’ont ni rime ni raison,
Ton œuvre qui nous inonde de par sa grande foison,
Pour les pauvres conteurs a l’effet d’un poison,
Car il est impossible d’approcher ta toison,
Nul auteur ne pourra être le nouveau Jason,
Moi-même ne produisant qu’a hauteur du gazon,
Rien qu’un pauvre Argonaute chanteur des quatre-saisons,
Approcher de ta verve m’apporte démangeaisons,
Mais croire y réussir serait une déraison,
Qui me ferait sûrement tomber en pâmoison !
La barre est très très haute pour trouver ta valeur,
Et rien ne peut atteindre de tes vers la couleur,
Les chansons après toi n’ont qu’une faible lueur,
Et comparées aux tiennes ne reflètent que pâleur,
Certains s’y essayent bien ne montrant que des leurres,
Des rimailles insipides de misérables conteurs,
Mais ils s’accrochent en vain en se montrant râleurs,
Sûrs que leur style hardi a la splendeur des fleurs !
En agissant ainsi ils fondent leur malheur,
Et c’est au bout du compte qu’on les retrouve en pleurs.
Ecoute ma supplique j’espère en l’agréant,
Pourrais-tu m’éclairer par-delà le néant,
Pour que de la chanson je devienne un géant !
Pour pas me retrouver assis sur mon séant,
Après avoir chuté dedans un trou béant,
Peut-être le feras-tu un peu en maugréant,
En me traitant sans doute aussi de mécréant,
Si tu pouvais m’aider moi qui suis fainéant,
En me montrant le cap où l’on va en gréant,
M’indiquant ton chemin des Artistes créants.
Georges tu m’as bien coupé l’herbe dessous les pieds,
Mes chansons après toi n’ont ni rime ni raison,
La barre est très très haute pour trouver ta valeur,
Ecoute donc ma supplique j’espère en l’agréant.
J’espère en l’agréant.
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